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5. Historique de l'archéologie funéraire gallo-romaine au Grand-Duché de Luxembourg

A première vue, le territoire du Grand-Duché de Luxembourg actuel peut sembler particulièrement favorisé sur le plan de la tradition de la recherche archéologique. En effet, les premières observations scientifiques disponibles en relation avec l'archéologie funéraire y remontent déjà au troisième quart du 17e siècle. Elles sont dues à un père jésuite, le père Alexandre Wiltheim.

Alexandre Wiltheim (1604-1684), recteur du collège de Luxembourg, antiquaire et historien. Dans son ouvrage principal, le "Luciliburgensia Romana sive Luxemburgum Romanum" il consacre une place importante aux découvertes d'origine funéraire.. Sur la personne de A. Wiltheim et la famille Wiltheim ainsi que sur l'oeuvre d'A. Wiltheim et en particulier son "Luxemburgum romanum", voir Krier & Weiller, 1984a et Krier & Thill, 1984b

Cependant, après la mort d'Alexandre Wiltheim en 1684, son oeuvre scientifique n'a pas trouvé de continuation. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir, avec la fondation de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du pays resurgir au Luxembourg un intérêt scientifique pour l'archéologie en général et l'archéologie funéraire en particulier.

La Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du pays fut fondée le 2 septembre 1845. Le fait qu'elle allait être plus communément appelée dès son origine la Société archéologique du Grand-Duché de Luxembourg, dénote bien la part importante voir prépondérante de la recherche archéologique parmi ses diverses activités. C'est aux travaux de cette société, devenue en 1869 la Section Historique de l'Institut Grand-Ducal (Goedert, 1987), que nous devons une large partie des données aujourd'hui disponibles en matière d'archéologie funéraire gallo-romaine au Grand-Duché de Luxembourg. La Société archéologique, dès l'année de sa naissance, commença à constituer une collection d'objets, pour une large partie d'origine funéraire, collection qui constitue aujourd'hui la base des collections du Musée National d'Histoire et d'Art (MNHA). Plus important encore pour notre propos, la Société archéologique édita depuis l'année de sa fondation un bulletin annuel, communément appelé aujourd'hui de manière un peu abusive les Publications de la Section historique. Les rapports annuels du conservateur qui y sont publiés, énumérant les fouilles entreprises par les membres ou les correspondants de la société, les découvertes fortuites signalées à la société ainsi que les objets donnés à ou achetés par la société, constituent une source d'information très précieuse. Enfin les archives de la société archéologique, aujourd'hui partiellement conservées au Musée National d'Histoire et d'Art, recèlent dans des communications non imprimées (lettres, mémoires, avis) de nombreuses informations sur des tombes ou des nécropoles gallo-romaines découvertes sur le territoire national.

Les Publications de la Section historique, éditées par cette société privée voient aussi la publication des premiers travaux de recherche sur les tombes gallo-romaines du Luxembourg. Entre 1851 et 1853, le professeur J. Engling (1851, 1852 et 1853), consacre une étude en 3 parties au tumuli du Grand-Duché. Son collègue A. Namur publie en 1852 et 1860 une étude en deux parties consacrées aux tombes "gallo-franques". (Namur, 1852 et 1860). En 1861 le même J. Engling consacre une étude aux plus anciennes tombes chrétiennes du Luxembourg (Engling 1861).

Si nous devons aux travaux de la Société archéologique bon nombre de renseignements précieux, il faut cependant également dire qu'ils placent le chercheur d'aujourd'hui devant les difficultés bien connues suscitées par ce type de documentation du XIXe siècle. Intéressés par les objets plutôt que par les contextes archéologiques, les auteurs des rapports de fouilles anciens ne transmettent que rarement des informations quelque peu précises sur l'organisation de nécropoles, le nombre exact de tombes fouillées etc. . Comme la plupart des notices publiées ne sont pas accompagnées d'illustrations, il est souvent difficile voire impossible de vérifier les datations avancées, si datations il y a.

La création d'un Musée d'Etat du Grand-Duché de Luxembourg (http://www.men.lu/musee/), (devenu par la suite l'actuel Musée National d'Histoire et d'Art), auquel incombe depuis sa création la poursuite de la recherche archéologique officielle, n'a pendant très longtemps guère changé la situation. Bien que des opérations ponctuelles en matière d'archéologie funéraire gallo-romaine aient été menées au courant de l'entre-deux-guerres et dans l'immédiate après-guerre, leur documentation n'est guère meilleure que celle des fouilles d'amateurs du XIXe siècle. Il faut attendre les années 1960 pour que le pas décisif vers l'archéologie scientifique soit franchi au Luxembourg. C'est avec la fouille et la publication, en 1963, des tombes de Goeblingen-Nospelt (Metzler, 1984), puis, en 1968 et 1969, des nécropoles avoisinantes de Nospelt-Tonn (Thill, 1968) et de Nospelt-Kreckelbierg (Thill, 1969) que l'archéologie funéraire menée suivant la méthodologie scientifique moderne fait son apparition au Grand-Duché.

Fosse de cendres contenant les restes
 du bûcher funéraire.
Fig. 3 Fosse de cendres contenant les restes du bûcher funéraire.

Tombe cinéraire
 contenant plusleurs urnes et des ciseaux en fer.
Fig. 4 Tombe cinéraire contenant plusleurs urnes et des ciseaux en fer..

Depuis les années 1960, les fouilles et les publications concernant des nécropoles, des tombes individuelles ou des monuments funéraires gallo-romains constituent une partie importante des travaux réalisés par le service archéologique du Musée National d'Histoire et d'Art.

En résumé, l'on peut donc dire que la recherche scientifique en matière d'archéologie funéraire au Grand-Duché de Luxembourg, si elle commence très tôt, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, elle restera en revanche plus longtemps qu'ailleurs l'affaire d'amateurs plus ou moins éclairés. Ce fait ne restera bien entendu pas sans conséquences pour la base documentaire dont nous disposons aujourd'hui pour l'étude des rites funéraires gallo-romains.


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© Internet Archaeology http://intarch.ac.uk/journal/issue4/polferf/5polferf.html
Last updated: Tue Dec 09 1997