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4. Conclusion

Les monuments funéraires du Sine et Saloum présentent des caractéristiques communes qui relèvent certainement d'un même fond culturel.

Tout d'abord, les pierres frontales à l'Est des monuments funéraires mégalithiques rappellent étrangement les piquets en bois plantés à l'Est des tumulus sereer. Ce lien est renforcé par la présence de poteries renversées et percées d'un trou au pied des monolithes et piquets frontaux.

Ensuite un autre élément commun est le sacrifice de chiens et d'animaux en général. Cette pratique de sacrifice d'animaux est encore attestée par des textes Portugais et Français relatifs aux rites funéraires sereer.

Enfin les poteries du delta du Saloum sont diffusées par voie fluviale jusqu'à Ndalane et Sine-Ngayène ; le sel du Sine et Saloum est exporté dans le Nord du Sénégal. Tous ces éléments laissent penser que les idées religieuses pouvaient circuler aussi librement que les produits commerciaux.

L'inhumation sous tumulus semble provenir du delta du Saloum, elle s'est greffée aux rites mégalithiques et a entraîné une transformation progressive des rites funéraires dans le Sine et Saloum. Les tumulus Sénégambiens sont sûrement le résultat de ce brassage ethnique et d'une acculturation entre les populations du delta du Saloum, de la zone mégalithique au Nord du fleuve Gambie (Xe-XIIe siècle) et de populations Mandé comme les Sosé.

Les Sereer et les Gelwaar fossilisent cette tradition funéraire entre le XIIIe et le XIVe siècle. Les tumulus sereer actuels et subactuels seraient le résultat de ce métissage culturel dans le Sine et Saloum. Un important problème soulevé est le rôle du delta du Saloum et de la zone mégalithique dans la genèse des tumulus sereer. Cette acculturation a dû se produire entre le VIe et le XIe siècle à la phase Sosé.

Les Sosé ont peut-être été rejetés vers le Nord par les populations Sereer et Gelwaar. Cela expliquerait la diffusion des tumulus vers le Nord, vers Mbacké puis Rao. Ces populations vont rencontrer d'autres ethnies venant de l'ancien Tekrûr qui s'installent dans le Waalo entre le XIe et le XIIIe siècle.

Plusieurs groupes sont à l'origine des tumulus funéraires au Sénégal, d'où la nécessité d'études régionales. Les tumulus funéraires pourront ensuite être divisés en sous-groupes régionaux.

Seule une démarche " ethno-archéologique " mettra en évidence les cultures matérielles céramiques propres à chaque ethnie et sous-groupe linguistique. Cela permettra de comprendre les anciens mouvements de populations s'ils existent. Car l'hypothèse de lentes migrations ou de conversions par acculturation reste préférable à un grand modèle diffusionniste.

Après la moyenne vallée du fleuve Sénégal, la région du Sine et Saloum apparaît donc comme un secteur clef dans la compréhension de l'archéologie historique Sénégalaise.


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© Internet Archaeology http://intarch.ac.uk/journal/issue3/pradines/32pradines.html
Last updated: Thu Jul 31 1997