Les tumulus en terre ou en sable du Sénégal sont au nombre de 6868, répartis sur 1444 sites. A ceux-là s'ajoutent les 3448 tumulus des 452 sites de la zone mégalithique. Ces tumulus comportent une pierre frontale à l'Est au lieu d'un simple piquet monoxyle. Enfin 903 tumulus coquilliers viennent compléter l'ensemble.
Au total les tumulus sénégambiens sont au moins 11.219 sur une surface de 32.000 km2. La Sénégambie, dans sa définition géographique la plus large, englobe les bassins fluviaux du Sénégal et de la Gambie et la zone comprise entre les deux fleuves.
Nous allons voir que cette large répartition ne constitue pas un phénomène homogène (Fig. 1), bien que les dates 14C fournies sur les sites fouillés dans le Sine et Saloum ou la moyenne vallée du fleuve Sénégal ne présentent pas d'opposition chronologique. En l'état actuel de la recherche, les tumulus sénégambiens sont datés des deux premiers millénaires de notre ère, plus précisément du IVe au XXe siècle ap.J.C.
Fig.1 Essai de distinction de groupes culturels à travers les différentes architectures de tumulus funéraires sénégambiens
50 Km: Grands tumulus de Rao-Nguiguéla/Tiékène; Tumulus sosé et sereer; Tumulus coquilliers; Cercles mégalithiques et tumulus
Les recherches archéologiques au Sénégal sur les tumulus funéraires sont assez récentes, elles débutent avec les fouilles de Th. Monod à Dioron-Boundaw en 1939. Très peu de tumulus funéraires furent fouillés après l'entreprise de J. Joire (1955) à Rao-Nguiguéla en 1941. G. Thilmans (1980a et 1980b) fouilla un tumulus à Ndalane en 1971, puis quelques tumulus coquilliers dans les années qui suivirent. Dix ans plus tard, P. Curdy et A. Gallay (1982) firent une fouille très minutieuse d'un tumulus de la zone mégalithique à Mbolop-Tobé.
Enfin des prospections archéologiques recensant les tumulus furent menées à partir des années 70 par V. Martin et C. Becker (1982). En 1988, S. et R. McIntosh (1992 et 1993) entreprirent à leur tour des prospections afin de localiser des sites d'habitats liés aux tumulus funéraires.
Malgré ces recherches, la connaissance des tumulus sénégambiens est encore très limitée. Nous pensons que l'ethnologie et l'histoire peuvent nous aider à poser certains problèmes. Ainsi, la périodisation des grandes phases archéologiques pourrait être définie sur des concepts ethniques, sociaux et politiques. Ces définitions seraient affinées par l'étude des cultures céramiques associées aux différentes ethnies qui ont peuplé la Sénégambie.
La région du Sine et Saloum semble être un secteur-clef dans la compréhension du phénomène des tumulus sénégambiens. Nous savons par des témoignages historiques que l'ethnie sereer bâtissait des tumulus funéraires dans cette région au moins depuis le XVIe siècle. Une de nos problématiques est d'attribuer une ou plusieurs origine(s) ethnique(s) aux tumulus du premier millénaire après J.C. Car les tumulus sénégambiens possèdent plusieurs origines ethniques, certains sont attribués aux Sosé, d'autres aux Sereer. Ces deux populations et sûrement d'autres ne se sont pas installées dans le Sine et Saloum à la même période.
La diversité des monuments et rites funéraires plaide en faveur d'une coexistence ou d'une succession de plusieurs populations. Néanmoins, nous verrons que les monuments funéraires de cette région présentent des caractéristiques communes qui relèvent certainement du même fond culturel.
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http://intarch.ac.uk/journal/issue3/pradines/1pradines.html
Last updated: Thu Jul 31 1997