PREVIOUS   NEXT   CONTENTS   HOME 

7. Premiers résultats obtenus dans le cadre de la recherche en cours

7. 1. Répartition géographique des nécropoles

La répartition géographique des nécropoles laisse conclure pour la phase flavienne à une colonisation interne du territoire de la Cité des Trévires. Le peuplement s'étend maintenant également aux régions moins favorisées climatiquement, aux sols moins fertiles et plus éloignées des centres administratifs et économiques que constituent les vici d'Arlon, de Mamer, du Titelberg et de Dalheim.

Simple tombe cinéraire entourée de pierres
Fig. 5 Simple tombe cinéraire entourée de pierres. 1er siècle aprés J.-C., de Kehlen-Rennpadd

Pile d'ossements à côté d'une petite urne
Fig. 6 Pile d'ossements à côté d'une petite urne. 1ère moitié du 1er siècle aprés J.-C., de Kehlen-Rennpadd

7. 2. Les relations entre l'habitat rural, les nécropoles et les monuments funéraires

Pour les sites actuellement connus du Grand-Duché de Luxembourg, les relations exactes entre les nécropoles et les établissements ruraux correspondants ne sont que très rarement assurées. Dans la presque totalité des cas, l'attribution de tombes ou de nécropoles découvertes dans les campagnes à un certain établissement rural a été effectuée uniquement sur base d'arguments topographiques, les établissements en question étant la plupart du temps seulement connus par des trouvailles de surface.

Jusqu'à présent nous ne disposons malheureusement d'aucun exemple permettant la comparaison directe entre les inventaires de tombes et le matériel d'un établissement rural correspondant.

Pour les périodes couvertes par notre étude et contrairement aux premières décennies de l'occupation romaine, on peut observer une séparation topographique claire et nette entre les tombes des propriétaires des domaines ruraux d'une part et les nécropoles des habitants de la pars rustica des établissements correspondants de l'autre. Depuis le milieu du 1er siècle, l'expression de la différenciation sociale à travers les usages funéraires change donc de forme. Elle se fait dorénavant par la séparation topographique et la forme extérieure monumentale du tombeau.

D'après l'état actuel de nos connaissances, les monuments funéraires en pierre érigés en milieu rural présentent tout à fait les mêmes caractéristiques artistiques et architecturales que les exemples contemporains connus des nécropoles de la Ville de Trèves respectivement des agglomérations secondaires comme Arlon, Mamer ou Dalheim. Il est cependant intéressant de constater que les inscriptions funéraires se concentrent clairement sur les nécropoles rattachées à ces agglomérations secondaires et ne se rencontrent que très rarement dans l'espace rural proprement dit.

Le milieu rural semble avoir privilégié une forme particulières de tombeau monumental, à savoir le tumulus. En effet, sur les 29 sites dont nous connaissons aujourd'hui un ou plusieurs tumuli gallo-romains, aucun n'est situé sur une nécropole d'une agglomération secondaire ou même dans les environs immédiats d'une telle agglomération. Certains de ces tumuli, comme celui de Grevenmacher-Bill p. ex., adoptent d'ailleurs un aspect extérieur fortement romanisé, avec enceinte en pierre, couronnement en pierre et même un autel funéraire encastré dans le mur extérieur

Au Bas-Empire, l'aménagement extérieur de la tombe monumentale change à nouveau. Ainsi, nous ne rencontrons plus de tumuli, dont les derniers représentants datent de la première moitié du 3ème siècle. Mais le fait d'exprimer une hiérarchisation sociale à travers la topographie funéraire demeure. Désormais la couche supérieure de la société se fait enterrer dans des sarcophages en pierre voire dans des chambres funéraires, en partie souterraines. Là où l'incinération se maintient au 4e siècle, un enclos funéraire marque les distances avec les milieux sociaux moins privilégiés.

7. 3. Organisation spatio-temporelle des nécropoles rurales

Seulement pour une vingtaine de nécropoles nous disposons de suffisamment de données pour tenter d'en dresser un plan, ne serait-ce que partiel.

L'étude de ces quelques cas fournit à première vue une image contradictoire. En effet, pour quelques nécropoles, les rapports de fouilles laissent conclure à une organisation systématique de l'espace funéraire, le plus souvent par rangées parallèles à une voie longeant ou traversant le territoire de la nécropole. Mais il s'agit dans tous ces cas de rapports anciens sur des sites fouillés seulement partiellement.

Pour les nécropoles à incinération fouillées dans un passé assez récent et pour lesquelles nous disposons d'une documentation satisfaisante, aucune organisation spatiale particulière n'a pu être constatée. Dans la nécropole de Septfontaines-Dëckt (Polfer 1996) p. ex. l'ordonnancement des tombes ne suit aucune logique décelable par l'observateur moderne.

Jusqu'à présent, aucun site postérieur à la deuxième moitié du 1er siècle n'a livré des traces de sous-divisions de l'espace funéraire par tranchées ou fossés, alors que nous en connaissons des exemples pour les sites de La Tène final et de la première moitié du 1er siècle. Au lieu d'y voir simplement le résultat de mauvaises conditions de conservation et/ou d'une technique de fouille insuffisante, il faudrait peut-être mettre cette absence en relation avec la séparation topographique entre tombes monumentales et tombes simples qui est observable depuis le milieu du 1er siècle et dont nous avons déjà parlé. Pour les nécropoles précoces, il est clair désormais que ce sont bien les tombes dites "aristocratiques" qui prennent une part déterminante dans l'organisation spatiale de l'espace funéraire.

Quant à la signalisation des tombes simples à la surface, on ne possède à l'heure actuelle aucune indication directe, aucune preuve tangible de l'existence de monuments funéraires en bois (stèles décorées ou simples poteaux). Mais le fait que les recoupements de tombes sont extrêmement rares, même sur des nécropoles occupées sur plus de deux siècles, rend quand même l'existence de telles marques visibles à la surface hautement probables.


 PREVIOUS   NEXT   CONTENTS   HOME 

© Internet Archaeology http://intarch.ac.uk/journal/issue4/polferf/7polferf.html
Last updated: Tue Dec 09 1997